Oser changer de vie ! #1 : la prise de conscience
Il est rare de se lever de bon matin et de démissionner sur un coup de tête pour aller élever des chèvres dans le Larzac.
Tout claquer et partir élever des chèvres dans le Larzac ?

Cette idée, souvent évoquée avec humour lors de la pause café, n'est généralement pas suivie d'actions concrètes – et heureusement, car sur le plateau du Larzac, ce sont plutôt des brebis que l’on élève !

Mais derrière ce fantasme de "tout plaquer", il y a un processus plus long et réfléchi. La prise de conscience de ce qui ne nous convient plus, que ce soit dans notre travail ou - dans mon cas - face à l’urgence des enjeux environnementaux, se fait souvent de façon progressive.

Aujourd'hui, je te propose de te partager la première de 6 étapes qui m’ont amenée à prendre une décision aussi radicale, mais réfléchie.

Et toi, où en es-tu de ta prise de conscience ?

Mon cheminement face aux enjeux environnementaux

J’ai grandi en ayant quelques notions des enjeux environnementaux, sans particulièrement grandir dans un environnement “écolo” : l’importance du tri des déchets, la vitesse de la déforestation de l’Amazonie - "le poumon de notre planète", ou encore l’impact de la culture de l’huile de palme sur la déforestation.

Enfant, je me souviens aussi d’être tombée sur un documentaire Arte sur la production de fois gras, impossible depuis de ne prendre ne serait-ce qu’une bouchée (heureusement, cet acte de résistance n’était sollicité que 2 ou 3 jours par an pendant les fêtes de fin d’année).

Ponctuellement, certains grands événements m'ont touchée, comme les tsunamis, tornades ou feux de forêt. Je me rappelle notamment avoir soutenu les koalas blessés par les incendies en Australie fin 2019. Ces catastrophes arrivaient à nous via les JT, les collectes d’argent au collège, mais elles me semblaient lointaines.

Je t’invite à repenser aux événements qui toi aussi t’ont marqués ou indignés enfant. Note-les et souviens-toi de ce qu’ils ont éveillé en toi.

Je réalise maintenant que, sans une vision globale, tous ces événements restaient déconnectés. Je ne hiérarchisais pas mes actions : éviter d’acheter une bouteille en plastique, boycotter le Nutella mais prendre l’avion pour un week-end à Barcelone. Sans voir les incohérences, sans le savoir, mes gestes quotidiens contribuaient parfois à détruire le monde que je voulais préserver.

Mais alors, qu’est-ce qui m’a permis de faire des liens entre mon quotidien et ces événements mondiaux ?

En 2022, j'ai participé à un atelier de la Fresque du Climat, organisé dans mon entreprise. Ce moment a été décisif : j’ai enfin compris les liens de cause à effet entre les activités humaines, les émissions de gaz à effet de serre, et l’augmentation des températures qui engendrent cet emballement climatique. Cela expliquait non seulement les sécheresses et feux de forêt au bout du monde, mais aussi les changements que nous observons chez nous, en Europe. Cette vidéo du Monde, résumant l'été 2023, est particulièrement parlante : 

Après la claque, comment ne pas sombrer dans la politique de l’autruche ou l’éco-anxiété ?

Une seule solution : accepter que le processus prenne du temps.

Pendant quelques mois, j'ai arrêté de m'informer sur ces sujets. La montagne d’informations me semblait infranchissable, et je ne savais pas par où commencer. Mais, après cette pause, j'ai décidé de faire un premier petit pas : comprendre mon impact carbone personnel. Il est simple de calculer son empreinte carbone ici. L’objectif d’atteindre 2 tonnes d’équivalent CO2 par personne d'ici 2050 (contre une moyenne française de 10 tonnes en 2022) m'a semblé un bon point de départ.

Une fois le calcul fait, on identifie les actions ayant le plus d’impact pour réduire son empreinte (arrêter l’avion, diminuer sa consommation de viande, acheter seconde main..) mais aussi nos limites (ses meubles neufs que l’on a déjà achetés, cette voiture thermique qui nous permet d’aller au travail, ce chauffage au gaz de notre appartement en location…).

C’est là que les choses se compliquent, car à partir d’un certain stade, réduire son impact demande soit des investissements financiers, soit de changer radicalement son mode de vie. Si l'on vit en couple ou en famille, il faut aussi embarquer les autres dans cette démarche.

J’ai donc pris une autre direction : plutôt que d’agir uniquement à mon échelle, pourquoi ne pas aider les autres à comprendre leur propre impact et les accompagner vers des actions concrètes ? C’est ce qui m’a amenée à participer à l’atelier "2tonnes", un atelier immersif de trois heures qui propose des solutions pour réduire collectivement notre empreinte carbone.

L'atelier m'a montré qu’un groupe de 10 inconnus, même avec des idées divergentes, est capable de travailler ensemble pour construire un avenir plus durable. Ce n’était qu’une simulation, mais elle a renforcé ma conviction : le pouvoir de l'influence est immense.

“Sois le changement que tu veux voir dans le monde” ou “sortir de l’éco-anxiété” via l’action et le collectif

Ma vision a changé.

Je suis passée de "c'est foutu, on n’y arrivera jamais" à "ensemble, tout est possible".

J’ai eu la chance de participer au One Young World summit à Manchester en 2022 qui rassemble des jeunes acteurs mondiaux engagés dans leurs communautés. En écoutant ces témoignages d’initiatives locales, comme le projet MantaOne de Nadea Nabilla, j'ai compris que même dans des conditions défavorables, des communautés parviennent à se transformer. Son projet permet à un village de pêcheurs en Indonésie de devenir plus autonome grâce à des bateaux électriques alimentés par des panneaux solaires.

Si d'autres peuvent réussir dans des contextes souvent plus difficiles, pourquoi pas nous ?

Je ne pouvais plus attendre que "le système change" sans y participer. Ma vraie prise de conscience n'a pas été le simple chiffre d’émissions de gaz à effet de serre, mais la reconnaissance de ma propre responsabilité dans ce processus. Je le précise tout de même ici, évidemment tout n’incombe pas aux citoyens, l’état et les entreprises ont aussi un rôle crucial à jouer.

Mais soyons honnête : c’est un chemin difficile. Il faut monter à bord des montagnes russes des sentiments d’injustice (face à l’héritage de cette situation des générations qui nous on précédées), de colère (lorsque l’on voit ses comportements extrêmes qui ruinent les efforts fournis) et cette impression d’être dépassée face à cette montagne, l’immensité du problème et des actions à mener.

Mais c’est aussi une opportunité unique de contribuer, à notre échelle, à créer et porter ce changement. Il y a une place pour chacun dans cette transition, et chaque action, aussi petite soit-elle, compte. Le changement doit avoir lieu au niveau local.

Et toi, quelle est la première reflexion qui te vient à l’esprit :

“De toute façon, c’est foutu mes actions n’auront pas d’impact !”

ou plutôt

"D’accord, mais je ne sais pas par où commencer !”

Reste dans le coin, je répondrai à ces deux questions dans un prochain article !

En attendant, souvenez-vous : rien ne sert d'attendre d'être parfait pour commencer.

Dans le prochain article, nous arriverons à l’étape #2 : agir de l'intérieur de son entreprise ou partir ?

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